Quand et comment arrêter l’allaitement?

Comment sevrer bébé de l'allaitement

 

Premièrement, pour arrêter l’allaitement, il faut se laisser du temps. L’arrêt total de l’allaitement ne se fait pas en 2 jours : ce ne serait bon ni pour bébé ni pour sa maman ! Après avoir passé que ce soit plusieurs semaines, plusieurs mois, voire même plusieurs années à allaiter bébé, l’étape du sevrage doit se faire dans la sérénité la plus totale (Facile à dire me direz-vous…)

Si les difficultés du début de l’allaitement sont de plus en plus connues, on parle moins de celles qui concernent son terme. Pourtant, le sevrage déclenche souvent des émotions très difficiles à vivre chez les jeunes mères. Tristesse, colère, culpabilité, comment s’expliquent ces sentiments ? Quelles conséquences sur le sevrage ? Et comment traverser le plus sereinement possible cette période de transition ? Éclairages et conseils avec la consultante en lactation Carole Hervé.

 

La maman commence par choisir un lait adapté à bébé pour être prête pour une bonne transition entre l’allaitement et le biberon. La maman peut aussi tirer son lait au démarrage afin de donner son lait au biberon, pour que la méthode soit différente mais que le goût ne change pas radicalement pour bébé !

               L’espacement des tétées

On estime à environ 1 mois la durée d’un sevrage d’allaitement complet. La maman a besoin de temps pour éviter les engorgements et bébé a besoin de temps pour s’adapter à cette nouvelle méthode.

    1. On commence par essayer de supprimer la tétée qui est la moins aimée de la journée. Ensuite que l’on remplace donc par un biberon.

    1. Si un engorgement se produit: la maman laisse couler une petite quantité de lait pour atténuer la douleur. Mais pas trop pour que le corps comprenne qu’il doit diminuer tranquillement la production de lait.

    1. Au bout de 4 à 5 jours, si tout se passe bien, on tente de remplacer une nouvelle tétée

    1. Si la maman ressent un nouvel engorgement pendant la durée du sevrage, elle n’hésite surtout pas à exprimer une petite quantité de lait pour soulager la douleur (on ne reste pas avec un engorgement).

    1. Une fois toutes les tétées remplacées: il peut se passer plusieurs semaines avant que la production de lait ne s’arrête totalement chez la maman. De plus, à la vue de son bébé, ou de son doudou, ou quelque objet appartement à bébé, une maman peut ressentir des émotions si fortes que du lait s’écoule de nouveau en petites quantités. Cela est tout à fait normal !

C’est un passage obligé souvent vu – par les autres – comme une simple formalité. Et pourtant… « Ma dernière semaine d’allaitement a été un déchirement, moi Jael 37 ans, maman d’une petite June de 10 mois. C’était une injonction : j’ai arrêtais d’allaiter car j’ai entamé la diversification et la prise du biberon de lait au lait de chèvre.  Alors que tout ce dont j’avais envie c’était de passer encore au moins trois mois rien qu’avec mon bébé. Mes seins ont commencé à moins produire de lait . La dernière tétée a été horrible, j’en pleurais, je regardais ma fille et j’avais l’impression qu’on m’enlevait le lien que nous avions tissé. «

Des émotions intenses, dont on parle rarement, mais qui sont en réalité assez répandues. « Proportionnellement, pour une même patiente, vu que je propose de l’aide à l’allaitement, j’ai plus de consultations sur le sevrage que sur l’allaitement !  Pour l’allaitement, une ou deux séances suffisent, alors que pour le sevrage, les femmes ont besoin de plus de temps. » Car sevrer son enfant, c’est dire au revoir aux premiers mois de son enfant. Forcément bouleversant, même lorsqu’on a allaité aussi longtemps qu’on le souhaitait. « Les jeunes mères aiment cette relation qui s’est nouée pendant l’allaitement! Et elles n’ont pas envie de passer à autre chose. Alors même si elles ont parfois du mal à poser des mots dessus, à le conscientiser, C’est une période très chamboulante. Il y a un phénomène de deuil à faire : le deuil du nourrisson, qui grandit, du petit bébé, parfois même du dernier enfant. »

« Si le bébé sent que la décision n’est pas ferme, il s’y engouffre »

Ces émotions difficiles à vivre peuvent compliquer encore le sevrage. « J’ai voulu une première fois sevrer ma fille lorsqu’elle a eu 15 mois », se rappelle Sophie(une cliente). « Mais je n’en ai jamais vraiment eu le courage. La fatigue, la peur d’affronter les nuits de pleurs… Je traînais pour démarrer. En réalité, je n’étais pas prête!! J’espérais au fond de moi, qu’un jour, Eloise se réveille et, d’elle-même, n’ait plus envie de téter. Ce que l’on m’a souvent dit à l’époque, c’était que “lorsque la maman était prête, l’enfant comprenait”. D’ailleurs ce n’est que lorsque j’y ai été obligée, à cause d’une hospitalisation, que j’ai enfin réussi à le faire. »

En effet, observe Carole Hervé, les enfants ont tendance à percevoir les non-dits, et à ressentir les émotions de la mère. Et s’ils sentent que la décision n’est pas ferme, ils s’y engouffrent. Une situation qu’a également vécue Carole : « J’avais l’impression qu’en arrêtant, je cesserais de donner le meilleur à mon enfant, je cesserais d’être une bonne mère. J’étais déchirée, j’avais envie d’arrêter mais je culpabilisais. Résultat : le sevrage a pris trois mois, ma fille refusait de prendre le biberon. Elle se rattrapait avec moi le soir, et n’a vraiment accepté de prendre le biberon. Mais un jour, après qu’elle m’a mordue, je me suis enfin réellement décidée à la sevrer complètement. »

Comment traverser le sevrage le plus sereinement possible ?

Tout d’abord, en mettant des mots sur ce que l’on vit, pense et ressent, lors de conversations avec son conjoint, des proches, ou même un professionnel. « Le sevrage implique tellement d’émotions que les jeunes femmes ont besoin d’être écoutées, entendues », souligne Carole Hervé. Parler permet aussi de démêler ses pensées, de les mettre au clair, et donc de se mettre en accord avec soi-même et de distinguer ce que l’on veut, ou pas. Indispensable pour se sentir aux manettes et mieux vivre cette période.

Donc moi je suis triste, je me sens comme coupée en deux, séparée de mon bébé. Alors qu’elle est toujours aussi proche de moi!!

J’estime qu’Il est ensuite essentiel de valoriser son allaitement. Que l’on ait allaité trois semaines, six mois, ou deux ans. « Les mères ont besoin qu’on reconnaisse la valeur de leur allaitement. Car c’est une relation tellement intime et charnelle, qu’elle comble et remplit la jeune maman, mais qu’on ne peut pas comprendre quand on ne l’a pas vécue. On n’a pas idée à quel point c’est intense pour une mère. » « Mon conjoint Il me mettait en avant, en me disant “Pendant trois mois, tu as géré ça toute seule, malgré tes douleurs, malgré les difficultés. Si June pèse le poids qu’elle fait aujourd’hui, c’est uniquement parce que tu l’as nourri avec ton corps. Tu peux vraiment être fière de toi”. Ça m’a aidée à me dire que j’avais eu un bel allaitement, et donc à passer à autre chose. »

           Vivre un sevrage heureux

Enfin, ce sont aussi les avantages de la vie après le sevrage qui consolent les jeunes mamans. « La perspective de nuits sans tétée m’a énormément motivée, se remémore Patricia. Et j’avais envie d’inventer d’autres rapports avec ma fille, ne plus utiliser l’allaitement pour tout : soulager, consoler, endormir, calmer… » « J’ai acheté du champagne et j’ai appelé toutes mes copines .“Ça y est, je peux boire à nouveau !” ». Organiser une petite fête pour célébrer la fin du sevrage et se féliciter! Une initiative également excellente pour le moral et l’estime de soi.

D’autant que la vie après l’allaitement se révèle bien loin de ce que ces jeunes mamans redoutaient. « Même si, pendant un moment, l’allaitement m’a manqué, je me suis rendu compte que le sevrage ne brisait en rien notre lien ». Au bout de quelques jours, j’ai découvert avec joie ce que cela signifiait de pouvoir s’absenter plusieurs heures, d’être libre.

Et si on pouvait ne pas supprimer toutes les tétées ?

Certaines mamans arrivent à conserver la tétée du matin, ou celle du soir, ou même les deux ! L’arrêt de l’allaitement ne signifie donc pas pour certaines mamans un arrêt total ! Leur corps, une fois les tétées de la journée remplacées par le biberon de lait, produit seulement suffisamment de lait pour les tétées. C’est un bon moyen pour y aller en douceur quand on en a la possibilité !

Et vous ? Quelles sont vos astuces de mamans pour que l’arrêt de l’allaitement se face le plus en douceur possible ?

Pour en savoir plus : Leche Leaguehttps://www.lllfrance.org/