Déni de grossesse comment réagir à cette nouvelle

Comment gérer un déni de grossesse?

Le corps médical peine encore à expliquer cette pathologie où l’esprit fait mentir le corps des femmes et leur cache une grossesse. Entretien avec la psychanalyste Sophie Marinopoulos pour lever le voile sur une affection encore taboue.

Devenir mère d’une minute à l’autre, cela ne s’invente pas. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, l’esprit est bien capable de faire mentir le corps des femmes et de leur cacher une grossess, parfois jusqu’au terme. Ce phénomène, encore inexpliqué par le corps médical, toucherait entre 1500 et 3000 femmes chaque année en France, selon l’Association française pour la reconnaissance du déni de grossesse (AFRDG). Parmi elles, quelque 320 mères accouchent sans avoir connu antérieurement leur état de grossesse.

Cette information est reçue avec une grande violence, et il n’y a pas de bonne manière de l’annoncer. Peu importe le profil de la mère, cette nouvelle fait effraction dans sa vie psychique. Dans un premier temps, elle n’y croit pas. Ce n’est pas parce que vous la mettez face à une échographie que le déni disparaît, il se prolonge au contraire, car retirer cette protection signifie qu’elle doit se confronter à une souffrance intense. Après l’annonce, s’ensuit un effondrement, que l’on appelle en psychologie « traumatisme ». C’est pour cette raison que ce moment doit être correctement accompagné par les professionnels de santé.

 

Quels sont les symptomes d'un déni de grossesse

 

  • Nausées.
  • Vomissements.
  • Absence de règles ou aménorrhée.
  • Ventre qui grossit.
  • Prise de poids.
  • Sensibilité et gonflement de la poitrine.
  • Fatigue.

« La femme qui fait un déni de grossesse peut souffrir de maux de ventre, de douleurs abdominales, de nausées, de fatigue ou d’une prise de poids, mais elle ne conçoit pas cela comme des signes de grossesse« , certifie Karine Denza. Des symptômes qui peuvent néanmoins la pousser à consulter, pensant souffrir d’une pathologie. Idem, si elle cesse d’avoir ses règles depuis plusieurs mois. C’est en l’auscultant et en lui faisant pratiquer des examens que la grossesse est découverte et que le médecin va le révéler à sa patiente. « En cas de déni partiel, il arrive également que ce soit un membre de sa famille, son conjoint notamment, qui remarque un changement chez sa femme« , constate la spécialiste. Par exemple, des signes de dégouts alimentaires ou de mouvements d’humeurs, dus aux hormones ou corporels.

En revanche, si le déni est total, le diagnostic se fait quasiment au moment de l’accouchement. En effet, la femme se rend aux urgences, car elle souffre de grosses douleurs et accouche dans la foulée de l’annonce de sa grossesse. « Il peut arriver que les femmes en déni total accouchent à domicile, mais c’est très rare« , pondère la psychanalyste.

Par ailleurs, d’après le Collège national des gynécologues (Cngof), les symptômes du déni de grossesse sont « mal identifiés » dans 38 % des cas.

 

Il y a une telle tension musculaire que le bébé est repoussé contre le dos

Madame Figaro. – Comment le corps et l’esprit peuvent-ils dissimuler une grossesse ?
Sophie Marinopoulos.- 
Quand l’humain est confronté à une souffrance interne, il peut se défendre en ignorant la réalité. Dans le cas d’un déni, l’attente d’un enfant est tellement inimaginable pour la femme, qu’elle met en place ce mécanisme de protection. Ici, le commandement de bord c’est la tête. Si cette dernière ne signale rien au corps, la femme n’interprète pas les signes d’une grossesse. Ainsi, une légère prise de poids sera justifiée par un régime alimentaire trop riche ou une fatigue passagère. Des femmes ont même des pertes de sang qu’elles attribuent aux règles alors que ce n’est pas le cas.

À l’intérieur, le bébé se développe tout à fait normalement mais il y a une telle tension musculaire qu’il est repoussé contre le dos et donc « invisibilisé ». Le plus surprenant reste le changement physique lors de l’annonce de la grossesse. Du jour au lendemain, une femme menue peut se retrouver avec un gros ventre. Attention, il ne faut surtout pas confondre le déni avec la « grossesse cachée » où on dissimule en toute conscience son secret à son entourage.

 

Déni de grossesse partiel ou total, quelles différences ?

Il existe deux sortes de déni de grossesse 

Le déni total ou déni de grossesse pendant 9 mois

On parle de déni total lorsque la femme enceinte apprend sa grossesse au moment d’accoucher ; c’est la levée du déni. « Elle se rend aux urgences, en général parce qu’elle a très mal au ventre, ignore qu’elle est enceinte et l’apprend au moment où elle accouche ou à peine quelques heures avant« , observe Karine Denza. A terme donc, sans que le ventre soit apparu, ni aucun autre symptôme typique de la grossesse.

Le déni partiel

« Le déni partiel concerne les femmes qui apprennent qu’elles sont enceintes entre la 14ᵉ semaine de grossesse (ou 16e semaine d’aménorrhée) et le terme« , distingue la psychanalyste. Les premiers mois, la future mère ne sait pas qu’elle est enceinte, « son ventre n’est pas sorti, elle peut même continuer à avoir ses règles », note-t-elle.

 

Qu'est-ce qui provoque un déni de grossesse : quels causes et facteurs de risque ?

« Le déni de grossesse touche les femmes de toute classe sociale et de tout âge« , constate la psychothérapeute. Il se met néanmoins en place, de façon inconsciente, pour aider la femme à lutter contre une angoisse. « Il peut s’agir d’une angoisse de devenir mère ou de porter l’enfant« , détaille-t-elle. Ce déni peut être causé, selon elle, par un traumatisme (viol, agression sexuelle, inceste, enfance mal vécue, etc.) subi durant l’enfance, que la grossesse viendrait raviver. « Certaines femmes déclarent d’ailleurs que sans ce déni, elles n’auraient pas pu avoir d’enfant« .

Il arrive également qu’une maman ait déjà eu plusieurs enfants et fasse un déni lors d’une de ses grossesses. Plusieurs autres facteurs de risque sont possibles : l’ambivalence du désir d’enfant, un contexte familial difficile, le refus du conjoint ou d’elle-même d’en avoir un autre, des considérations religieuses ou encore si la grossesse est le fruit d’un adultère.

Si tout le monde peut être touché, nous n’avons pas toutes ce rapport à l’évitement de la réalité. En revanche, j’ai tout de même pu observer chez ces femmes des caractéristiques communes. Elles souffrent d’un déni du corps et ne s’accordent pas de temps pour prendre soin d’elles-mêmes. Beaucoup ont une personnalité effacée ; durant l’enfance, elles avaient peu de place pour laisser exprimer leurs émotions. Cela ne veut pas dire qu’elles ont grandi sans amour mais cela a laissé un grand sentiment de solitude. Même bien entourées, une fois adultes, elles sont incapables de partager leur souffrance car elles s’imaginent que personne n’en prendra compte.

 

Déni de grossesse : un choc aussi pour l'entourage

Un déni de grossesse est une épreuve pour la mère mais aussi pour son entourage qui n’a rien vu. Entre interrogations, stupeurs et soupçons, comment gérer les réactions après une telle annonce ?

Pour aider à surmonter l’épreuve du déni de grossesse, l’entourage a un rôle très important à jouer. Il est primordial que le futur papa ou vos proches vous épaulent dans les préparatifs, les achats de matériel de puériculture, qui doivent être réalisés en accéléré, et si le déni est total, qu’ils vous aident à prendre soin du bébé à la sortie de la maternité et à prendre vos marques. 

Si vous n’avez pas d’oreille attentive près de vous, ou si vous ressentez le besoin de parler à une personne externe à votre cercle familial et amical, n’hésitez pas à consulter un psychologue qui vous aidera à accepter la situation.

Dans tous les cas, rassurez-vous : les études montrent que les dénis de grossesse n’ont généralement que peu d’impact sur les nouveau-nés et les mamans après l’accouchement. L’instinct maternel reprend le dessus dès la naissance, et passée la surprise, le nourrisson trouve sa place naturellement dans la famille, reléguant le déni de grossesse au rang de mauvais souvenir pour les jeunes parents !

 

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